Rokhaya Gueye est originaire du Sénégal et vit en Ontario depuis 30 ans. Elle est passionnée par les métiers de la construction. Technicienne en échafaudage, elle participe à la construction de structures métalliques de plusieurs étages. « J’ai grimpé plus de 50 étages dans des échafaudages, debout sur des barres de fer avec le harnais de protection » elle dit.
Avant de devenir menuisier en charpente métallique, Mme Gueye souffrait d’acrophobie. « Je me souviens de la première fois où j’étais sur un toit pour déposer du matériel » dit-elle. « Je me suis dit : je suis mort. Qu’est ce que je fais ici? » elle continue. La Torontoise dit avoir fait en sorte que ses collègues ne se rendent pas compte de son désarroi. Reprenant ses esprits, elle a pu surmonter sa peur des hauteurs.
Mme Gueye confie également qu’elle a connu la misogynie à ses débuts dans l’industrie. « J’étais la seule femme noire et francophone. Il y avait 350 hommes dans toute la cour »dit celui qui a fait face à des commentaires négatifs. « On m’a dit par exemple : tu n’as pas encore lâché prise ? Que faites-vous ici? Faut-il être dans la cuisine ? » elle respire.
En 2021, 26 % des personnes employées dans les métiers spécialisés en Ontario travaillaient dans la construction (308 000 personnes).
En 2021, les femmes représentaient 3,6 % des personnes employées dans les métiers spécialisés de la construction en Ontario (soit environ 10 000 femmes).
La source : statistiques fournies par le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences et Statistique Canada.
Notes : ces statistiques n’incluent pas les apprentis inscrits ni les compagnons certifiés.
Résiliente, elle renvoie les questions à ceux qui tentent de l’intimider. « Pour moi, il est important que je sois inclus comme tout le monde » elle dit. « Il est vrai que le domaine de la construction comprend généralement des hommes blancs, mais nous, les femmes, sommes capables » elle croit.
L’Ontarienne reconnaît aussi avoir été soutenu par des alliés sur certains chantiers. « Ils vous voient comme un membre de la famille. Ils s’assurent que nous soyons à l’aise. »
La technicienne rappelle qu’il y a un grand besoin de relève dans le secteur de la construction. Sinon, explique-t-elle, il y aurait un grand manque de structures telles que des logements, des hôpitaux ou encore des écoles.
Melissa Young, directrice générale et registraire de l’organisme gouvernemental des métiers spécialisés, a déclaré qu’au premier trimestre de cette année « en moyenne, plus de 23 000 emplois en construction attendaient d’être pourvus en Ontario ». « Ce nombre est presque le double de ce qu’il était en 2019″note-t-elle.
Mme Gueye explique que son métier, qui s’apprend à 90% au sol
, la pousse à développer ses capacités de résolution de problèmes et sa curiosité, car les défis de l’érection d’une charpente d’acier sont divers. Un métier dont dépendent d’autres métiers du bâtiment comme peintre ou plâtrier.
Avant de travailler dans le secteur de la construction, Rokhaya Gueye a évolué dans le domaine des Communications pour une entreprise locale pendant plus de 10 ans.